Occuper le sol de manière rationnelle ne suffit pas. Il convient également d’assurer un cadre de vie qualitatif en matière de mobilité, d’architecture ou d’espaces naturels. Explications des spécialistes sur les enjeux qui sous-tendent ces questions.
Densification, renouvellement urbain, développement vers l’intérieur… Ces mots sont systématiquement utilisés lorsque l’on parle d’aménagement du territoire.
S’ils peuvent parfois évoquer des concepts techniques, voire même abstraits, ils touchent très concrètement à la vie, et surtout à la qualité de vie, des habitants et propriétaires de ce pays.
Pour Patrick Rérat, professeur de géographie à l’UNIL, l’aménagement du territoire consiste à organiser les ressources naturelles et économiques : il s’agit d’occuper de manière rationnelle le sol, ressource non renouvelable, et de gérer le territoire en rendant les mobilités actives et les transports publics
attractifs. Il faut donc construire de la bonne manière au bon endroit en répondant à la demande de la population et des entreprises, tout en assurant un cadre de vie de qualité, adapté aux dérèglements climatiques (îlots de chaleur, évènements climatiques extrêmes, etc.).
« La densification est un phénomène ancien, souligne le spécialiste en urbanisme. Sous la pression foncière et immobilière, les villes se sont densifiées au cours de l’histoire. Plus récemment, c’est devenu une politique publique servant notamment à réguler l’étalement urbain, orienter l’urbanisation vers l’intérieur et faciliter certaines formes, telles que la régénération de friches urbaines, la création de nouveaux quartiers et la surélévation. »
Réduire l’empreinte environnementale des bâtiments est l’un des chevaux de bataille de la prochaine décennie. Si la législation évolue vers davantage de contraintes, les incitations étatiques et bancaires se multiplient. Rigoureusement planifié, un projet orienté sur la durabilité est rentable à moyen et surtout à long terme. Qu’il s’agisse d’une construction neuve ou d’une rénovation, les propriétaires ont un réel intérêt à saisir ce tournant énergétique.
L’énergie la moins chère et la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas. Des mesures constructives « passives » peuvent réduire considérablement l’utilisation de l’énergie, qu’il s’agisse de rafraîchir ou de chauffer l’espace. Se faire conseiller par un
spécialiste est un investissement assurément rentable car de nombreuses actions peuvent être réalisées aussi bien dans une nouvelle construction qu’une rénovation. On listera, entre autres : l’emplacement du bâtiment, la cohérence de l’isolation, les
protections et le chauffage solaire passif. A l’inverse, le refroidissement passif et l’inertie thermique sont autant d’éléments qui contribuent à limiter l’apport d’énergie extérieur.
Construire
La nouvelle loi sur les énergies renouvelables pose un cadre relativement strict et qui devrait encore se resserrer dans les années à venir. Il n’est donc pas inutile d’anticiper, d’autant que les subventions sont « encore » avantageuses, tout au moins pour les bâtiments répondant aux normes Minergie
(détaillées sur le site www.minergie.ch) et à l’étiquette énergétique CECB A/A.
Par ailleurs, qu’il s’agisse de rénovations ou de nouvelles constructions, le marché actuel est friand d’immeubles performants sur le plan énergétique, disposant d’installations techniques modernes et respectueuses de l’environnement, et cette tendance va se poursuivre à l’avenir.
Production de chaleur
La loi sur l’énergie précise que les nouvelles constructions doivent couvrir au moins 30 % de leurs besoins en eau chaude sanitaire et 20 % de leurs besoins en électricité par une énergie renouvelable. La part restante doit être compensée par une isolation plus conséquente ou un apport en énergie renouvelable.
Ceci découle du fait que les émissions de CO2 sont moins élevées pour le gaz que pour le mazout.
Eau chaude sanitaire
Les nouvelles constructions doivent couvrir au moins 30 % de leurs besoins en eau chaude sanitaire par une énergie renouvelable : capteurs solaires, chauffage à distance alimenté majoritairement par des énergies renouvelables ou des rejets de chaleur ou chauffage à bois.
Production d’électricité
Les nouvelles constructions doivent également couvrir 20 % de leurs besoins en électricité par une énergie renouvelable (solaire photovoltaïque, par exemple).
Climatisation
Une énergie renouvelable devra couvrir au moins la moitié de la consommation électrique des nouvelles installations de froid de confort et/ou d’humidification-déshumidification, à moins que
celles-ci soient alimentées à 100 % par une source renouvelable (eau du lac, nappe phréatique, etc.).
Depuis 2013, les projets expérimentaux de construction impliquant une imprimante en relief se sont multipliés. Doit-on y voir un changement de paradigme? Petit voyage entre présent et futur.
L’impression 3D va-t-elle révolutionner l’immobilier résidentiel ? A l’heure où le numérique influe déjà sur la manière dont on acquiert un bien immobilier, dont on l’habite et dont on le conçoit, on peut légitimement se demander si les imprimantes en relief – nouvelle technologie aussi appelée fabrication additive – ne bouleverseront pas en profondeur le secteur de la construction. A l’aune de la multiplication des chantiers de construction qui misent sur cet
empilement de couches successives, tout porte à croire que l’on est bien dans l’antichambre d’une (r)évolution.
Pour bien prendre la mesure de ce phénomène, revenons quelques années en arrière, plus précisément en 2013. Cette année-là, la société chinoise WinSun a réussi la prouesse d’imprimer en 3D et d’assembler dix maisons en seulement 24 heures. Cette
entreprise a ensuite récidivé : en 2015, elle a construit le tout premier immeuble de cinq étages, le plus haut bâtiment imprimé du monde, puis, la même année, la première villa, 1’100 m2 sur deux étages, édifiée en 3 jours.
Depuis, des projets expérimentaux ont poussé comme des champignons aux quatre coins du monde. Citons, par exemple, la maison Yhnova, qui a pris ses quartiers à Nantes, en 2018. Ce
logement social de 95 m2 aux murs courbes a été conçu par un robot spécialement développé pour l’occasion. Une année plus tard était inaugurée, à Dübendorf (ZH), en Suisse, la première “maison” habitée au monde qui n’a pas seulement été planifiée numériquement, mais aussi construite en grande partie de manière numérique avec des robots et des imprimantes 3D .